LES LANGUES RÉGIONALES FONT DU SUR-PLACE DANS LES RÉFORMES « EN MARCHE »

LA FLAREP REÇUE PAR LE CONSEILLER AU MINISTÈRE

La FLAREP, Fédération pour les langues régionales dans l’enseignement public, communique :

La FLAREP, qui était reçue le mardi 3 juillet au Ministère de l’Éducation Nationale par le conseiller en charge des langues régionales Matthieu Lahaye, a pu constater des progrès sur quelques points problématiques (tel que le non respect de la réunion du CALR dans l’Académie de Montpellier à l’époque de la précédente rectrice, les discussions en cours pour la convention de l’occitan à Toulouse), ou encore l’annonce de la création du CAPES de kanake, mais l’ambiance n’est pas à l’euphorie. Si la réunion a bien servi à échanger plusieurs informations dans les deux sens, force est de constater, malgré les récentes déclarations du président E. Macron (« Les langues régionales jouent leur rôle dans l’enracinement qui fait la force des régions ; nous allons pérenniser leur enseignement », Bretagne le 21 juin 2018), que les langues régionales ne sont pas la priorité du gouvernement. Le conseiller, l’IGEN Mme Luigi, Isabelle Bourhis conseillère sociale l’ont confirmé aux représentants des langues : l’objectif du ministre est de « ne pas dégrader les conditions d’enseignement des langues » en maintenant l’existant. On est loin du stade du développement pourtant prévu par le précédent gouvernement.

Des décisions politiques

À la demande de la FLAREP de passer à la vitesse supérieure en étendant l’enseignement des langues régionales il est répondu que les priorités sont autres et qu’une nouvelle phase de déploiement relève de décisions politiques qui ne sont pas à l’ordre du jour. Tous les dispositifs existant jusqu’ici ont été d’après le Ministère confirmés et maintenus dans les textes des réformes, mais rien de plus. Ce qui dans le contexte de restrictions de moyens et d’accroissement de l’autonomie des établissements finit souvent par être défavorables aux langues régionales toujours sous le coup d’un statut de discipline strictement « facultative », entendez « superflue » pour nombre de responsables éducatifs.

L’excellence du bilinguisme ignorée

Sur la prochaine réforme du lycée et du baccalauréat, la FLAREP a insisté sur la réintroduction de l’enseignement des langues régionales dans les textes d’où elles avaient été évincées. Et des arrêtés complémentaires sur les enseignements spécifiques devraient comporter les modalités assurant la continuité du bilinguisme entre collège et lycée. Quant aux enseignements fondamentaux chers au ministre Blanquer, ce dernier ne compte pas y inclure les langues régionales malgré les différentes études qui ont montré les effets cognitifs positifs du bilinguisme pour l’apprentissage de la langue française et des mathématiques, et bien entendu des langues en général.

Concertation et rencontre du ministre

La FLAREP et le Ministère se sont entendus pour tâcher d’améliorer la communication et la concertation entre les responsables parisiens et les associations. Un nouveau point devrait être fait entre le Ministère et la Fédération après la rentrée scolaire, notamment sur de nombreuses questions restées en suspens : retard dans l’agrégation, respect des textes réglementaires (CALR, conventions…), retard dans la création des offices publics (catalan), information aux familles via l’ONISEP, plan de formation d’enseignants aujourd’hui en nombre insuffisant, absence de rapport annuel sur les chiffres, les effectifs et l’état de l’enseignement des langues régionales, inclusion de celles-ci dans l’offre du CNED, toujours pas de reconnaissance du savoyard et du flamand occidental (qui depuis 14 ans attend une réponse malgré les études, les rapports des inspecteurs et les demandes répétées…). La FLAREP a réitéré son souhait d’être reçue par le Ministre qui a déjà rencontré les représentants de l’enseignement privé associatif des réseaux immersifs (mais pas les acteurs de l’enseignement public), et l’a invité au colloque qu’elle organise en Alsace du 20 au 22 octobre prochains.

Photo : les représentants de la FLAREP dans la Bibliothèque du Ministère de l’Éducation (de gauche à droite) : A. GOAPPER (Div-Yezh / Bretagne), Y. LESPOUX (FELCO / occitan), JP. COUCHÉ (ANVT / flamand occidental), M. BRON (trésorier et AES / francoprovençal-savoyard), M. RALU (vice-présidente et OC-BI / occitan), A. BAYLAC FERRER (secrétaire et APLEC / Catalogne), C. FROEHLICHER (Eltern Alsace).

LE BILINGUISME EN LANGUES RÉGIONALES, MODÈLE PÉDAGOGIQUE POUR RÉFORMER L’APPRENTISAGE DES LANGUES

LA FLAREP TRAVAILLE AVEC LE GROUPE D’ÉTUDE LANGUES RÉGIONALES
À L’ASSEMBLÉE

La FLAREP, Fédération pour les langues régionales dans l’enseignement public, communique :
La FLAREP, à l’issu d’une séance de travail le mercredi 20 juin à l’Assemblée Nationale avec le Groupe d’étude sur les langues régionales, a constaté avec des députés de Bretagne, Corse, Alsace, Polynésie, Pays Basque et Savoie que l’enseignement bilingue en langue régionale – qui représente en France quelques 100 000 élèves – constitue un modèle innovant pour résoudre
la question récurrente de l’amélioration de l’apprentissage des langues dans le système éducatif. La pédagogie de l’apprentissage précoce et de la pratique de DNL dans la langue, forte d’une expérience de 35 ans et de résultats probants conduisant au plurilinguisme effectif des élèves, se place aujourd’hui au coeur des préoccupations de réforme du système éducatif.

Disparité de traitement
Or, députés et représentants des langues notent toujours une énorme disparité de traitement entre langues :
– du franco-provençal/savoyard et du flamand occidental que le Ministère refuse toujours d’inscrire sur la liste des langues régionales de l’Éducation nationale au tahitien ou au corse dont bénéficient tous les élèves ;
– en passant par le basque qui concerne près de 40 % des élèves bilingues dans le 1er degré toutes filières confondues, dont les 2/3 dans l’enseignement public ;
– et une absence de pilotage de la question de l’enseignement des langues régionales par le gouvernement, qui se traduit par la multiplication des dysfonctionnements sur le terrain.

Gains et bénéfices grâce aux LR
Dans la mesure où les langues régionales constituent un outil pour le développement économique des régions et un moyen d’obtenir des gains importants, aussi bien en termes de bénéfices didactiques et cognitifs que d’amélioration de la productivité professionnelle, les parlementaires et les associations sont convenus de travailler conjointement à trois objectifs
prioritaires :
1. Amender les textes sur les réformes éducatives (comme le bac et le lycée ou les enseignements fondamentaux) pour y rétablir la place des langues régionales oubliées dans ces textes.
2. Rétablir un dialogue constructif entre notre fédération et le Ministère de l’Éducation afin de mener à bien un travail suivi et concerté.
3. Dresser un plan de formation qui permette de surmonter les problèmes récurrents de ressources.

Prochaine réunion au MEN
Les associations d’enseignement des langues régionales se rendront le 3 juillet prochain au Ministère de l’Éducation nationale accompagnées de parlementaires pour y procéder à une première réunion de travail d’urgence en vue de la rentrée prochaine. Les députés du Groupe d’étude Langues régionales à l’Assemblée travaillent par ailleurs à une prise en compte
effective de la reconnaissance des langues régionales et de leur enseignement dans la Constitution à l’occasion de sa réforme lancée le 26 juin en commission des lois avant de passer en séance plénière à partir du 9 juillet.

Les représentants de la FLAREP à l’AN : Martine Ralu (Oc-bi), Marc Bron (Ass. Enseignants de Savoyard), Thierry Delobel (Ikasbi), Jean-Paul Couché (ANVT), Alà Baylac Ferrer (APLEC), Rémi Thouloat (Dev Yezh), Marie Jeanne Verny (FELCO), Emmanuelle Parisse (Eltern Alsace), avec quelques-uns des 35 participants à la réunion du Groupe d’étude LR (députés et assistants
parlementaires), autour de Paul Molac, président du Groupe et député breton LREM…